Langues

Le français est la langue officielle du Bénin. L’anglais est utilisé dans les affaires, notamment pour les échanges avec le Nigéria voisin.
Une cinquantaine de langues africaines sont parlées au Bénin mais seule une vingtaine dépassent un cercle restreint parmi lesquelles le Fon (parlé par environ un quart de la population), le Yoruba, le Goun, le Mina, l’Adja et la Bariba

Les Béninois sont fragmentés en une mosaïque d’ethnies. Les Fons et les Adjas, deux communautés très apparentées, constituent les groupes les plus importants au sud du pays, mais les Baribas et les Sombas sont les plus nombreux au nord du pays. Les Yorubas, qui regroupent environ 10 % de la population, prédominent au sud-est. À d’autres petits groupes côtiers comme les Mina et les Pla, il convient d’ajouter les «Brésiliens» qui, portant des noms portugais, sont des anciens esclaves revenus du Brésil à la fin du XIXe siècle.

La plupart des Béninois utilisent le français, le fon, le yorouba ou le bariba comme l’une des langues véhiculaires. Cependant, le prestige du français comme langue des communications interethniques, ainsi que dans les domaines de la radio, la télévision et du travail, rend son acquisition pratiquement indispensable en milieu urbain. Même analphabètes, beaucoup de Béninois se donnent du mal pour pouvoir comprendre et articuler le français.

On distingue au Bénin trois catégories de français. Il s’agit d’abord du français standard correspondant à celui qui est enseigné dans les écoles et utilisé dans les familles considérées comme scolarisées; c’est donc un français qui respecte scrupuleusement les règles de la langue, même de la part de ceux qui ont appris les rudiments du français à l’extérieur de l’école. Mais, dans la rue ou au marché, c’est un français populaire, presque argotique, qui est utilisé; on l’appelle le français d’Afrique et il est surtout utilisé à Cotonou. Outre les termes argotiques, cette variété est caractérisée par les erreurs dans l’attribution des genres (masculin/féminin), le problème du choix entre les verbes avoir et être dans la conjugaison aux temps composés («il a tombé», «j’ai parti», etc.), les énoncé nominaux («moi venir», «toi rien comprendre»), sans oublier les interférences linguistiques (ou mélanges des langues). La troisième variété de français correspond à ce qu’on appelle le français «snobé» de Cotonou. C’est un français mal compris, destiné surtout à épater, dans lequel on trouve des fautes systématiques et imprévisibles, le tout dans un style hyper correctif avec l’emploi du subjonctif et l’utilisation délibérée de mots rares.

La politique linguistique du Bénin comprend deux volets: l’une porte sur le français comme langue officielle, l’autre sur les langues nationales. L’article 1 de la Constitution du 11 décembre 1990 proclame que le français est la langue officielle

En conformité avec la Constitution, le français est la langue de l’État, c’est-à-dire de la Présidence, du Parlement, de l’Administration, de la justice et de l’éducation.

Cela signifie que seul le français est admis au Parlement, tant dans les débats que dans la rédaction et la promulgation des lois. Dans les tribunaux, plusieurs langues nationales sont permises à l’oral, surtout le fon, le yorouba et le bariba. Toutefois, dans les documents écrits, seul le français est utilisé. Le juge rend officiellement ses sentences en français, mais le tribunal traduit la sentence à partir du français vers toute autre langue lorsque cela est jugé nécessaire.

Dans l’Administration gouvernementale, les fonctionnaires répondent généralement dans la langue locale du citoyen, mais les documents écrits ne sont disponibles qu’en français. Cette pratique est restée inchangée bien qu’une bonne partie de la population soit analphabète et ignore le français. Selon des statistiques de l’UNESCO (1994), le taux d’analphabétisme chez les hommes était de 63 % et de 74 % chez les femmes. En 1997, seuls 26 % des Béninois étaient alphabétisés (hommes et femmes confondus).

Même la loi sur les élections du 31 octobre 2000 exige la connaissance du français. Ainsi, peut-on lire à l’article 55 de la loi n° 2000-18 portant règles générales pour les élections en république du Bénin.